Pour réaliser la transition vers une économie bas-carbone, donner un prix au carbone semble être, si ce n’est la panacée (il n’est pas suffisant en tant que tel), un outil indispensable et nécessaire.
Force est de constater néanmoins qu’on est toujours loin du compte (des motifs d'espoir existent tout de même) : dans le monde, seul un pays (un seul!), la Suède, a un prix du carbone explicite significatif (de l’ordre de 100€ la tonne de CO2).
En France par exemple, les commissions et rapports sur le sujet se multiplient… presque autant que les rétropédalages.
Ça pourrait en être désespérant, mais heureusement, on est jeune (yeah les darons) et plein d’espoir, notre frustration a des poches de croissance, comme pourraient le dire certains !
Le principe général est celui du pollueur-payeur. En termes économiques, donner un prix à la nuisance (on parle de signal-prix) permet de corriger une défaillance de marché de type pollution : il est recommandé d’internaliser dans les comptes l’externalité source de désagrément (dans le cas du changement climatique, les émissions de GES, qui peuvent être regroupées1 sous une unité commune : la tonne équivalent carbone), qui d’ordinaire serait négliger.
Donner un prix au carbone (ou d’une manière générale à la nuisance environnementale) a au moins deux vertus :
Inciter aux actions de réduction des émissions de GES en augmentant mécaniquement la profitabilité d’investissements bas-carbone : certains investissements deviennent rentables, d’autres le deviennent encore plus (ils l’étaient donc déjà, avant même l’instauration d’un prix du carbone),
S’assurer que ces mêmes actions (liés au progrès ou à la sobriété) soient réellement mis au service d’une réduction des émissions de GES. Donner un prix au carbone permettra a priori de limiter l’effet rebond possiblement induit par l’amélioration de l’efficacité énergétique de nos services. Cette dernière phrase étant littéralement imbitable, j'ai essayé de m’exprimer plus clairement sur ce point dans un article dédié.
Cette contrainte (prix du carbone), c’en est bien une, nous incite à consommer bas-carbone.
De la sorte, nos choix de consommation sont volontairement quelque peu infléchis, car guidés par les prix -nous avons tous un peu d’Homo Oeconomicus en nous, quoiqu’on en dise.
L’atteinte des objectifs de réduction ne repose donc pas seulement sur notre bonne conscience ou bonne volonté à consommer bas-carbone (encore faudrait-il qu’on ait accès à l’intensité carbone de chaque bien et service -et puisse donc dépenser notre argent en connaissance de cause, ce qui est loin d’être le cas).
Pour que cette contrainte soit mise en place au-sein d’une démocratie, il faut qu’une majorité de citoyens (ou d’électeurs plutôt) y soit favorable et même l’appelle de ses vœux.
D’où l’importance des enjeux de vulgarisation et de diffusion (laborieuse) des connaissances dans les médias (mais là n’est pas le propos de cet article).
TRANSITION : La question qui se pose ensuite est celle des moyens pour donner un prix, dits mécanismes de tarification.
1 : avec certaines limites, clairement présentées dans le livre d’A. Pottier.