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  • guillaumecolin

Interview de Michael Shellenberger dans Le Point : mon avis (1)

Dernière mise à jour : 30 mars 2020


La tribune en question :https://www.lepoint.fr/postillon/tribune-pourquoi-les-affirmations-catastrophistes-sur-le-climat-sont-fausses-09-12-2019-2352107_3961.php

Les sources auxquelles je me réfère :

D’une manière générale, j’ai moi-même mis en gras les passages extraits de ces rapports que je jugeais importants.

J'ai mis en italique et entre guillemets les propos extraits de la tribune.

 

« Pour l'écologiste pragmatique Michael Shellenberger, les déclarations apocalyptiques s'avèrent scientifiquement erronées et politiquement contre-productives. »

Qu’est-ce qu’un écologiste « pragmatique » ? Quelqu’un qui dit quelque chose qui va dans le sens de ce que l’on pense (biais de confirmation) ? Bon, passons, c’est anecdotique. Notons également que le terme « scientifiquement erroné » place la barre très haut : il impose une rigueur extrême au propos qui suit (de même que critiquer un article impose aussi une grande rigueur :)).

« Ces dernières semaines, les journalistes et les défenseurs de l'environnement ont fait un certain nombre de prédictions apocalyptiques sur l'impact du changement climatique. L'écologiste Bill McKibben a suggéré qu'en Australie, les incendies causés par le climat avaient rendu les koalas « pratiquement éteints ».

Étonnant de parler de prédiction puis de mentionner juste après une affirmation qui n’en est pas une (de prédiction). Là aussi, ça n’est pas très grave.

« Peu ont plus attiré l'attention sur cette menace que la militante étudiante Greta Thunberg et la représentante démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, sponsor du Green New Deal. Cette dernière prétend que « le monde va s'écrouler dans douze ans si nous ne nous attaquons pas au changement climatique ».

Etant donné l’inertie du climat (de l’ordre de quelques dizaines d’années), le climat en 2030 a très peu à voir avec nos émissions en 2019 : celles-ci contribuent à déterminer le climat de la deuxième partie du XXIème siècle, et bien après également (étant donné le temps de résidence du CO2 dans l’atmosphère). S’attaquer au changement climatique maintenant (i.e réduire les émissions de CO2) apportera des bénéfices majoritairement après 2030.

« Des déclarations apocalyptiques comme celles-ci ont des répercussions dans le monde réel. En septembre, un groupe de psychologues britanniques a déclaré que les enfants souffrent de plus en plus de l'anxiété causée par le discours effrayant sur le changement climatique. »

Admettons que ces déclarations dites apocalyptiques soient justes. Mais alors devrions nous ne rien dire et taire les risques encourus ? N’est-ce pas justement la connaissance de ces risques, supposés graves ici, qui est susceptible de justifier et motiver (en moins en partie) une action forte pour les prévenir ? L’auteur de la tribune soulève ici une question très complexe : celle de la façon de parler des risques lorsque l’on souhaite « pousser les gens à l’action ». Le dernier billet de Gaël Giraud me semble être une bonne référence sur le sujet.

« Je tiens également à rétablir l'exactitude des faits et de la science (…) ».

Belle initiative, un poil prétentieuse !

« J'ai, ces derniers mois, corrigé la couverture médiatique inexacte et apocalyptique des incendies en Amazonie et en Californie, qui ont été présentés à tort comme étant principalement attribuables aux changements climatiques. »

Ce que l’on peut affirmer avec une confiance assez forte est que le changement climatique est un facteur de risque (parmi d’autres facteurs de risque –la mauvaise gestion des forêts en est un autre par exemple) qui augmente la fréquence et l’intensité des incendies, et ce de manière d’autant plus forte que le réchauffement est important.

Dans le rapport spécial du GIEC sur le changement climatique et les terres, on peut trouver ce schéma qui met en lumière les risques liés aux incendies en fonction du niveau de réchauffement :

Pour finir, quelques mots sur le concept de « causalité » : ce terme fait souvent couler beaucoup d’encre (quel que soit le domaine d’étude), et semble parfois être vu comme le Graal de la connaissance (qui n’a jamais entendu dire « corrélation n’est pas causalité », ce qui est assez révélateur de l’importance épistémologique accordée à la « causalité » -seule compte la « causalité » pourrait on parfois entendre dire). Pourtant, si l’on se place dans un cadre bayésien/probabiliste, la « causalité » (entendue au sens où A « cause » B est équivalent à dire que P(B\A)>P(B)) est peut-être plus profonde et complexe (et paradoxalement moins déterminante) que ce que l’on peut parfois croire. La causalité peut être faible (on peut avoir P(B\A)>P(B) et P(B\A) quasi nul) et il y a très souvent une multitude de « causes » (on peut parler de réseau bayésien).

Toujours est-il que dans ce cadre de pensée, et à la lecture du schéma ci-dessus, il est juste de dire qu’un réchauffement climatique supérieur à 1°C de température moyenne « cause » (de manière générique) des incendies : un tel réchauffement augmente la probabilité de survenue de tels évènements.

« Il y a des preuves concordantes du fait que l'approche catastrophiste du changement climatique est autodestructrice, car elle détourne et polarise de nombreuses personnes. »

Qu’est-ce qu’une approche « catastrophiste » et quelles sont ces preuves (ce serait véritablement intéressant de les avoir) ? A nouveau, le seul message dit catastrophiste (admettons ici qu’il s’agisse d’évoquer l’existence de scénarios menant à des conséquences probablement catastrophiques pour nos sociétés, et que par ailleurs nous sommes pour le moment sur la voie de ces scénarios du pire) est probablement insuffisant pour conduire à une action collective forte : il doit être accompagné de motifs d’espoir, d’une histoire (story telling) mobilisatrice. Mais connaître les ordres de grandeur est un prérequis indispensable (cf ci-dessous lorsqu’il sera question de W Nordhaus) pour pouvoir appréhender ce qui est en jeu, et on pourrait rétorquer que ne pas les avoir en tête est probablement rédhibitoire. On verra plus loin que justement l’auteur de la tribune ne semble pas être très familier de ces ordres de grandeur associés au changement climatique en cours. Ce n’est malheureusement pas le seul !

« Cela étant posé, examinons si les données scientifiques appuient ce qui a été dit. Premièrement, aucun organisme scientifique crédible n'a jamais dit que les changements climatiques menacent la civilisation d'effondrement et encore moins l'espèce humaine d'extinction. »

Contentons-nous de regarder ce que dit le GIEC, référence épistémologique sur la question du climat puisqu’en charge de faire des revues de littérature et puisque tous ses rapports d’évaluation ont été approuvés à l’unanimité par ses Etats-membres (dont des pays comme les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite, etc.).

Que dit donc le GIEC sur les risques liés au changement climatique ?

Les synthèses du GIEC vont déjà (et d’une certaine manière, surtout) nous informer de l’ordre de grandeur associé à une variation de température moyenne de quelques degrés : une telle variation correspond à un changement d’ère climatique, ou autrement dit c’est équivalent au passage d’une ère glaciaire (la dernière ayant eu lieu il y a de l’ordre de 10 à 20 000 ans) à une ère interglaciaire –l’ère préindustrielle. L’évolution des paysages en Europe est perceptible sur le schéma ci-dessous :

De manière plus précise ensuite, les synthèses du GIEC contiennent une évaluation par niveau de réchauffement planétaire des risques associés à différents motifs de préoccupation (MdP ou « reasons for concern ») et à un certain nombre de systèmes naturels, gérés et humains (e.g les coraux d’eau chaude).

Il y a eu 3 rapports spéciaux du GIEC depuis 2014 et synthétisant les dernières connaissances scientifiques, et on peut notamment lire section B.5.7 du rapport 1.5°C : « De nombreuses sources de données suggèrent que, depuis le cinquième Rapport d’évaluation (AR5), les niveaux évalués de risque ont augmenté pour quatre des cinq motifs de préoccupation dans la perspective d’un réchauffement planétaire de 2 °C (degré de confiance élevé)».

Dans le résumé pour décideurs du rapport 1.5 °C (qui pour faire très simple compare un réchauffement de 1.5°C à un réchauffement de 2°C), plus récent que le cinquième rapport d’évaluation (ce qui n’est pas sans incidence, cf la section B.5.7 ci-dessous), on peut trouver notamment les affirmations suivantes (j’ai moi-même mis en gras ce qui me semblait être le plus important) :

  • B.5.1 : « La pauvreté et les préjudices devraient augmenter dans certaines populations à mesure que le réchauffement planétaire s’intensifie; la limitation du réchauffement à 1,5 °C plutôt qu’à 2 °C pourrait, à l’horizon 2050, réduire de plusieurs centaines de millions le nombre de personnes exposées aux risques liés au climat et vulnérables à la pauvreté (degré de confiance moyen)”

  • B.5.4. “Selon l’évolution future de la situation socio-économique, la limitation du réchauffement planétaire à 1,5 °C plutôt qu’à 2 °C pourrait réduire de 50 % la fraction de la population mondiale exposée à une intensification du stress hydrique due au changement climatique, malgré la grande variabilité entre les régions (degré de confiance moyen”

  • B.5.6 : “En cas de réchauffement planétaire compris entre 1,5 °C et 2 °C, les risques concernant les secteurs de l’énergie, de l’alimentation et de l’eau pourraient se chevaucher dans l’espace et dans le temps, aggravant ainsi les dangers, les expositions et les vulnérabilités actuels et créant de nouveaux risques dont un nombre accru de personnes et de régions pourraient subir les effets (degré de confiance moyen).”

Suivant le sens que l’on donne à l’expression « effondrement de civilisation » (ruptures des chaînes d’approvisionnement alimentaire, troubles sociaux très marqués, etc.), on peut je pense considérer à la lecture des propos du GIEC que le réchauffement climatique pose de réels risques d’effondrement de nos sociétés, en particulier dans le cas de réchauffements supérieurs à de l’ordre de 2°C.

Cette liste d’affirmations issues du rapport d’évaluation du GIEC de 2014 (AR5) est également assez instructive et révélatrice de ces risques.

« Cette dernière partie est peut-être vraie, mais il est également vrai que le développement économique nous a rendus moins vulnérables, ce qui explique pourquoi le nombre de victimes de catastrophes naturelles a diminué de 99,7 % depuis son point culminant de 1931. Cette année-là, 3,7 millions de personnes sont mortes des suites de catastrophes naturelles. En 2018, 11 000 seulement. Et ce déclin s'est produit au cours d'une période où la population mondiale a quadruplé. »

Notons que les conséquences humaines évoquées pourraient être qualifiées de directes et non indirectes (l’instabilité sociale au Maghreb en 2010 –Printemps Arabes- intervenue dans un contexte de sécheresses exceptionnelles en 2010 est un exemple de conséquence que l'on pourrait qualifier d'indirecte, ce type d'évènements climatiques étant cohérent avec le changement climatique en cours) : hors les pires conséquences du changement climatique seront très majoritairement indirectes, intervenant par suite d’instabilité alimentaire, de désordre social, de conflits, etc.

Pour connaître rigoureusement toutes les conséquences (directes et indirectes) d’un phénomène ou évènement particulier, il faudrait pouvoir « refaire l’histoire » et comparer les 2 mondes avec et sans le phénomène en question, afin d’englober la totalité des conséquences en cascade et autres effets de bord, dont ceux qui auraient pu échapper à nos sens dans le cadre d’une évaluation standard.

De manière équivalente, en termes monétaires, les conséquences du changement climatique seront principalement indirectes et donc elles aussi difficiles à quantifier, puisque la complexité de nos sociétés rend difficilement attribuable à une seule cause un quelconque phénomène. Les conséquences du changement climatique sont un facteur de risque supplémentaire à ceux existants, et qui, couplé à des capacités d’adaptation sous-optimales et limitées, est susceptible d’accentuer les tensions existantes, ou d’en créer de nouvelles.

Par ailleurs, « la nature n’a pas de prix »: la destruction des ressources naturelles est indolore économiquement en première approximation et de manière directe. Lorsque les conséquences directes en € et morts humaines commenceront à être facilement perceptibles, alors il sera probablement trop tard (en cause l'irréversibilité du changement climatique).

Enfin, notons que si les conséquences actuelles (quel qu’en soient l’évaluation et le périmètre considérés) sont jugées faibles, cela ne présage en rien des conséquences futures. Il faut bien garder à l’esprit l’inertie du climat et l’irréversibilité des changements en cours. Ainsi, si à un instant t nous commençons à juger ces conséquences fortes et désagréables, alors ces conséquences à l’instant t+1 seront très probablement, et toutes choses égales par ailleurs (notamment en termes de moyens consacrés à l’adaptation), … plus fortes et désagréables !

La conclusion que l’on pourrait tirer de ce qui précède est qu’il est difficile d’expliciter les conséquences chiffrées (directes et indirectes) en termes monétaires et de morts humaines, et que si l’on attend que ces conséquences soient jugées unanimement très élevées pour agir (quel qu’en soient l’évaluation et le périmètre considérés), alors nous serons déjà très avancés dans la dégradation de notre environnement et probablement très proches (ou essayant dépassé) des limites de nos capacités d’adaptation.

« Qu'en est-il de l'élévation du niveau de la mer ? Le Giec estime que le niveau de la mer pourrait monter de deux pieds (0,6 mètre) d'ici 2100. Est-ce que cela semble apocalyptique ou même « ingérable » ? Considérons qu'un tiers des Pays-Bas se trouve sous le niveau de la mer et que certaines régions se trouvent à sept mètres sous le niveau de la mer. On pourrait objecter que les Pays-Bas sont riches alors que le Bangladesh est pauvre. Mais les Pays-Bas se sont adaptés à la vie sous le niveau de la mer il y a quatre cents ans. La technologie s'est un peu améliorée depuis. »

On rentre dans les passages les plus « croustillants » de la tribune.

Pour commencer, les hausses envisagées d’ici 2100 dans les pires scénarios d’émissions de GES pourraient dépasser les 0.6 mètre évoqués, comme cela est précisé dans le rapport du GIEC sur les océans et la cryosphère (p32) ou le rapport 1.5°C (section B.2.1 du résumé pour décideurs). C’est néanmoins loin d’être ce qui pose le plus problème dans le passage cité.

Plutôt que de se référer à ce même GIEC pour avoir une idée de ce que pourraient être les risques et impacts associés aux élévations évoquées du niveau de la mer, l’auteur préfère nous faire part de sa propre intuition sur la question (et quelle intuition!). Faut-il le rappeler, cette intuition a une valeur épistémique infiniment plus faible que celle des synthèses du GIEC, produites au terme d’une revue de littérature scientifique et reconnues par l’ensemble des Etats-membres du GIEC.

Que dit donc le GIEC sur les risques associés à une élévation du niveau de la mer ?

  • B.9 (SROCC) : “Increased mean and extreme sea level, alongside ocean warming and acidification, are projected to exacerbate risks for human communities in low-lying coastal areas (high confidence). In Arctic human communities without rapid land uplift, and in urban atoll islands, risks are projected to be moderate to high even under a low emissions scenario (RCP2.6) (medium confidence), including reaching adaptation limits (high confidence)”

Est-ce si simple que ça de s’adapter à une élévation du niveau de la mer (et plus largement aux changements de l’océan et de la cryosphère) ? Que dit le GIEC sur les challenges de l’adaptation ? Citons à nouveau le rapport du GIEC sur les océans et la cryosphère (SROCC).

  • C.1 : « Impacts of climate-related changes in the ocean and cryosphere increasingly challenge current governance efforts to develop and implement adaptation responses from local to global scales, and in some cases pushing them to their limits. People with the highest exposure and vulnerability are often those with lowest capacity to respond (high confidence).”

  • C.1.1 : “The temporal scales of climate change impacts in ocean and cryosphere and their societal consequences operate on time horizons which are longer than those of governance arrangements (e.g., planning cycles, public and corporate decision making cycles, and financial instruments). Such temporal differences challenge the ability of societies to adequately prepare for and respond to long-term changes including shifts in the frequency and intensity of extreme events (high confidence).”

  • C.1.2 : “The capacity of governance systems in polar and ocean regions to respond to climate change impacts has strengthened recently, but this development is not sufficiently rapid or robust to adequately address the scale of increasing projected risks (high confidence).”

  • C.1.4 : “Financial, technological, institutional and other barriers exist for implementing responses to current and projected negative impacts of climate-related changes in the ocean and cryosphere, impeding resilience building and risk reduction measures (high confidence). Whether such barriers reduce adaptation effectiveness or correspond to adaptation limits depends on context specific circumstances, the rate and scale of climate changes and on the ability of societies to turn their adaptive capacity into effective adaptation responses. Adaptive capacity continues to differ between as well as within communities and societies (high confidence). People with highest exposure and vulnerability to current and future hazards from ocean and cryosphere changes are often also those with lowest adaptive capacity, particularly in low-lying islands and coasts, Arctic and high mountain regions with development challenges (high confidence).”

L’adaptation est-elle d’ailleurs tant un problème de techniques/technologies ? Toujours le même rapport du GIEC :

  • C.3.1 : « The higher the sea levels risk, the more challenging is coastal protection, mainly due to economic, financial and social barriers rather than due to technical limits (high confidence).”

  • C.3.3 : “Responses to sea level rise and associated risk reduction present society with profound governance challenges, resulting from the uncertainty about the magnitude and rate of future sea level rise, vexing trade-offs between societal goals (e.g., safety, conservation, economic development, intra- and inter-generational equity), limited resources, and conflicting interests and values among diverse stakeholders (high confidence).”

L’efficacité des actions d’adaptation aux évolutions de l’océan et de la cryosphère sera par ailleurs limitée ... par le niveau de réchauffement :

  • C.2 : « Integrated water management (medium confidence) and ecosystem-based adaptation (high confidence) approaches lower climate risks locally and provide multiple societal benefits. However, ecological, financial, institutional and governance constraints for such actions exist (high confidence), and in many contexts ecosystem-based will only be effective under the lowest levels of warming (high confidence).”)

  • C.4 : “Enabling climate resilience and sustainable development depends critically on urgent and ambitious emissions reductions coupled with coordinated sustained and increasingly ambitious adaptation actions (very high confidence).”

  • B.9.3 : « Globally, a slower rate of climate-related ocean and cryosphere change provides greater adaptation opportunities (high confidence). While there is high confidence that ambitious adaptation, including governance for transformative change, has the potential to reduce risks in many locations, such benefits can vary between locations. At global scale, coastal protection can reduce flood risk by 2–3 of during the 21st century, but depends on investments on the order of tens to several hundreds of billions of US$ per year (high confidence). While such investments are generally cost efficient for densely populated urban areas, rural and poorer areas may be challenged to afford such investments with relative annual costs for some small island states amounting to (high confidence). Even with major adaptation efforts, residual risks and associated losses are projected to occur (medium confidence), but context-specific limits to adaptation and residual risks remain difficult to assess”

  • B.6.3 (rapport 1.5°C) : “Limits to adaptive capacity exist at 1.5°C of global warming, become more pronounced at higher levels of warming and vary by sector, with site-specific implications for vulnerable regions, ecosystems and human health (medium confidence).”

Par ailleurs, la hausse du niveau de la mer ne va pas s’arrêter en 2100 et ne se limitera donc pas au niveau atteint à cette échéance (la hausse dépassera donc vraisemblablement à terme les 0.60 m évoqués). Les océans vont en effet continuer à se dilater sous l’effet de la hausse prolongée de la température moyenne (qui elle aussi ne va pas cesser de grimper en 2100) et les glaciers vont également continuer à fondre et alimenter les océans. Dans le résumé pour décideurs du rapport 1.5°C, le GIEC dit section B2.2 « L’élévation du niveau de la mer se poursuivra au-delà de 2100 même si le réchauffement planétaire ne dépasse pas 1,5 °C au XXIème siècle (degré de confiance élevé). La déstabilisation de secteurs potentiellement instables de la calotte polaire de l’Antarctique et/ou la perte irréversible de la calotte glaciaire du Groenland pourraient provoquer une élévation de plusieurs mètres du niveau de la mer à des échelles de temps allant du siècle au millénaire. Ces phénomènes d’instabilité pourraient être déclenchés aux alentours de 1,5 °C à 2 °C de réchauffement planétaire (degré de confiance moyen).»

Il est je pense important de garder en tête le fait que les êtres humains se sont sédentarisés et que les sociétés humaines se sont développées dans le cadre d’un climat … stable et d’un niveau de la mer … stable, précisément à la sortie de la dernière ère glaciaire (lorsque la température moyenne était plus basse de quelques degrés seulement, comme cela a été rappelé plus haut) :

Enfin, la hausse du niveau de la mer en tant que telle n’est pas la seule conséquence (parmi celles liées aux changements de l’océan et de la cryosphère) susceptible d’affecter les sociétés humaines.

Concernant les évènements de submersion marine, on peut trouver section B.3.4 : “Global mean sea level rise will cause the frequency of extreme sea level events at most locations to increase. Local sea levels that historically occurred once per century (historical centennial events) are projected to occur at least annually at most locations by 2100 under all RCP scenarios (high confidence)."

Parmi les autres conséquences envisagées liées aux changements de l'océan et de la cryosphère, et auxquelles les sociétés humaines devront essayer de s’adapter, on peut trouver une liste section B.2 du SROCC : « Over the 21st century, the ocean is projected to transition to unprecedented conditions with increased temperatures (virtually certain), greater upper ocean stratification (very likely), further acidification (virtually certain), oxygen decline (medium confidence), and altered net primary production (low confidence). Marine heatwaves (very high confidence) and extreme El Niño and La Niña events (medium confidence) are projected to become more frequent. The Atlantic Meridional Overturning Circulation (AMOC) is projected to weaken (very likely).”


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